top of page

Un thé dans l'Atlas

Pour atteindre le Village d'Imlil, nous montons dans toutes sortes de véhicules. Le premier aurait pu être une mobylette... mais nous faisons comprendre au chauffeur qu'il ne sera pas facile de monter avec nos gros sacs. Nous avons également dû refuser un âne... Nous monterons à bord d'une fourgonette, une benne, une voiture 5 places pour 8 personnes, un taxi et deux camions ...


C'est le Maroc, tout est possible, il n'y a jamais de problème, il n'y a que des solutions.

Nous voici à Imlil, il fait noir, il nous faut trouver où dormir ... Nous rencontrons Ibrahim:

"Vous voulez dormir chez moi ? J'ai un camping pour quelques dirhams"

"Nous n'avons pas d'argent"

"D'où venez vous?"

"De Belgique"

"Ah la Belgique, j''ai des amis belges, venez j'ai une chambre pour vous, c'est gratuit, j'aime bien la Belgique"

"Ah euh bon bha MERCI euh non CHOUKRAN!"

"Machi mouchkil, y a pas de problème..."

"On peut faire quoi en échange de la nuit"

"Rien du tout, c'est par plaisir"

Et nous voici hébergés dans une auberge au pied du Grand Toubkal ... Le lendemain nous irons à la rencontre du village et nous découvrirons une autre forme "d'hospitalité marocaine"...


"Alors ça été la promenade?"

"Mzien, oui; court mais ça été merci" (Amandine pensant que nous revoyons un vendeur à qui nous avions brièvement expliqué que nous étions sans sou)

"Allez venez, je vous invite à boire un thé, c'est l'hospitalité marocaine"

"Euh" (échange de regard, Amandine pensant vraiment reconnaître le jeune homme et se disant que nous n'avions "rien à perdre").

Nous voici installé à une terrasse. On pensait que ça serait un thé fait lui-même. Nous ne voulions pas lui en faire acheter. Nous lui expliquons alors qui nous sommes, voyageurs et clowns sans sou. Le jeune homme comptant nous faire visiter sa boutique semble déçu, mais son ami vendeur de tapis, lui ne veut rien entendre:

"Mais il y a des distributeurs automatiques pas loin et vous savez j'ai des enfants à nourrir"

"Nous comprenons mais nous n'avons rien ... On peut t'aider si tu veux, si tu veux, ça nous pouvons faire..."

"Non, non pas aider, j'aime bien ton pull, tu peux me le troquer contre une djelaba"

"Moi aussi je l'aime bien et j'en ai besoin"

"Mais tu es au Maroc, tu peux t'habiller à la Marocaine, c'est bien de s'habiller comme les gens du pays"

"J'en ai déjà une et j'en ai besoin pour voyager"

"Oui, mais quand tu retournes chez toi, tu peux en racheter un, ça ne te coûte rien ... Et puis chez vous, vous pouvez tout retrouver dans les poubelles, mon frère, il a retrouvé une caméra dans les poubelles d'Europe".


Bref, tout est envisageable et après une longue heure de négociations et de "culpabilisation", déshabillés de la tête aux pieds, nous ne cèdons pas.


Pas facile d'effacer nos euros sur le front. Nous sommes des Européens, des touristes et nous ne pouvons pas partir sans argent, c'est impossible.


Et pourtant l'impossible nous le faisons et ceux qui refusent d'y croire nous leur répondrons avec enthousiasme que cela est possible! Nous rêvons d'un monde où l'échange et le partage seraient la clé pour vivre ensemble... et nous commençons par le pratiquer nous-même... Travailler de façon non-monétaire, donner de sa personne et de son temps pour faire avancer les projets de chacun, cultiver le rire et les haricots, voici notre façon de vivre.

Recent Posts
Search By Tags
Follow Us
  • Facebook Black Square
  • Twitter Black Square
  • Google+ Black Square
bottom of page